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Mon Brevet 600km

Il n’est jamais trop tard pour bien faire ou simplement faire, donc je vais essayer de raconter mon premier 600 km, quelques mois plus tard (les 200,300,400 étant déjà fait plusieurs fois).

Les brevets qualificatifs PBP étant des sorties un poil plus longues que les sorties habituelles, j’en profite toujours pour visiter nos belles régions françaises et leurs somptueux paysages.

J’ai donc effectué (pour 2022) le 200 à Argeles sur mer, le 300 au départ de Toulouse, le 400 m’a permis de visiter les Landes depuis Bordeaux (le Haillan exactement) et je décidais, dans le même esprit, d’effectuer mon premier 600 au départ d’Angers avec l’excellent club du RCA, connu pour son organisation et ses organisateurs dont le très célèbre Jean Claude Chabirand (CHABI pour les intimes, recordman des PBP).

Un peu stressé depuis quelques jours devant le défi à venir, j’avais demandé à mon épouse de m’accompagner sur Angers et d’y rester en stand-by au cas où je ne finirais pas…on n’est pas à coté de la maison dans ces cas-là (il est à préciser que ces brevets se font en autonomie totale et sans assistance).

Donc, le 11 juin à 7h, nous voila 80 cyclistes à partir à l’assaut des 600 kms et de quelques mètres de dénivelé (5000 de mémoire).
Pour certains, c’était le 20eme mais pour d’autres dont je faisais partie, c’était bel et bien le premier. La différence entre les deux groupes se lisait facilement sur les visages, rieurs et enflammés pour les premiers, fermés et inquiets pour les deuxièmes.

Dès le départ, le ton est donné par les meilleurs et il faut faire attention à ne pas s’enflammer, ne pas s’emporter, ne pas se surestimer. On cherche son rythme, celui qui va nous ramener, celui qui nous ouvrira la porte du « Paris brest paris 2023 ».
On cherche ses futurs compagnons de route, ceux qui semblent être de la même trempe physique, du même état d’esprit…c’est un brevet, pas une course, et la différence se situe surtout au niveau de la solidarité, de l’entraide et du respect et c’est ça que j’aime.
Au 5° kilomètre, je passe devant la porte de mon « RBNB » loué pour l’occasion et mon estomac se serre un peu en pensant au chantier qu’il va falloir accomplir pour y revenir, mais je suis motivé comme jamais (sauf peut-être à l’époque de mon premier 100 km de Millau en course à pied) et j’ai confiance en moi, je sais que si aucun pépin physique ne vient entraver ce brevet, je ramènerais mon vélo devant cette même porte.

Mais il est trop tard pour laisser la place à l’angoisse et déjà les magnifiques bords de Loire me font apprécier ce moment magique. Je suis bien calé sur mon vélo, les jambes tournent facilement, sans le moindre mauvais détail qui pourrait s’amplifier et devenir infernal, le corps est souple, les groupes commencent à se former, les discussions se font et se défont naturellement bref, je commence à me détendre et à me relâcher nerveusement. Il n’en faut pas plus pour me dire qu’il aurait été dommage de ne pas être là et que c’est comme cela que désormais je veux pratiquer mon vélo. Et puis a 61 ans, j’ai un peu l’impression de recommencer et d’en avoir 30…et c’est très bon ! Nous longeons la Loire jusqu’à la hauteur de Nantes et nous traçons jusqu’à Pornic. IL fait bon et le premier contrôle doit être fait ici, nous en profitons donc pour faire le plein d’eau et de glace au « chocolatcaramelvanillechantillyamandes » mais léger…. Les premiers touristes sont là et nous prennent pour des fous mais, n’est fou que celui qui se croit fou !!!!

Après cette première pause, nous repartons en saluant ceux qui viennent d’arriver, direction La Rochelle via les marais salant de Noirmoutier.
Nous nous entendons bien au sein de notre groupe mais la moyenne me semble un peu élevée (28) pour tenir comme cela jusqu’au bout.
Et effectivement, dans l’après-midi, un cyclo de notre groupe est terrassé par des crampes dans une partie vallonée.
Nous l’attendons plusieurs fois mais c’est de pire en pire et il nous demande de le laisser (avec deux de ses amis) et de continuer notre brevet.
C’est toujours un moment délicat ou l’on est partagé entre le sentiment d’abandonner quelqu’un et celui de l’obligation pour nous d’avancer…mais c’est ainsi.
C’est donc avec un peu de remords que nous repartons, traversons de nombreux villages, reparons quelques crevaisons, buvons quelques limonades, enchainons kilomètre après kilomètre, mais toujours dans la bonne humeur. Sans nous connaitre avant ce jour, nous savons le principal sur chacun de nous et le principal aujourd’hui s’appelle Motivation !

Il faut se surveiller, penser à s’alimenter, à boire, n’oublier aucun tampon lors des 9 contrôles (auquel cas, le brevet ne serait pas validé).
Le temps est abondant, gratuit, aucunement taxé. Il nous appartient totalement et chacun en fera ce qu’il veut durant ces nombreuses heures de selle : discussions, contemplation, réflexion, retour sur soi-même …
L’inverse de nos vies à 100 à l’heure et c’est bon !

200,250, les kilomètres et les heures tournent au rythme de nos pédaliers et bientôt, en début de soirée, nous voilà arrivés au 300-ème km.
A ce stade, certains diront « nous ne sommes qu’a la moitié du parcours, il en reste encore autant… ! », moi j’ai préféré dire « tout va bien, à partir de maintenant on rentre à la maison » ; question de point de vue et d’état d’esprit !
Mais pour l’heure, Il est temps de nous restaurer convenablement et de faire une pause réparatrice.
Évidemment, le repas sera basé sur de la saine diététique : chips, charcuterie, frites, fromage, gâteau de riz et un bon café pour finir.

Un de nos compagnons de route nous abandonne là car il a réservé un hôtel pour s’y reposer 3 hrs. Erreur fatale pour lui, car lorsque je viendrais le retrouver à l’arrivée, il me dira s’être retrouvé tout seul dans la nuit noire, face au vent et face à lui-même…à ce moment-là, il a regretté amèrement la protection et l’ambiance du groupe.

Quant à moi, je m’insère au sein d’un autre groupe avec comme chef d’orchestre de celui-ci, Jean Claude Chabirand dit CHABI.
Quand on voit l’homme de l’art pédaler et évoluer, on se dit que l’on va faire un stage de formation à la longue distance en accéléré.
Il ne fait pas encore sombre lorsque nous repartons mais une heure plus tard, nous nous arrêtons afin de nous préparer pour rouler de nuit.
Les phares, lampes et autres feux rouges sont installés et allumés, les vêtements plus chauds sont enfilés et moi qui adore rouler de nuit, je mets sur mon visage mon plus beau sourire.
Vers minuit, nous aurons la bonne surprise de voir un gyrophare sur le coté et un homme nous faire de grands signes avec sa lampe.
Ce n’était autre qu’un ami d’enfance de CHABI qui, à l’aide de son épouse, est venu nous apporter café, eau et quatre quarts sur le bord de la route (uniquement pour nous).
Moment magique s’il en est, me faisant apprécier encore plus ce genre d’épreuves.

A ce moment-là, nous ne savons pas encore à quel point ce café nous tiendra éveillé car nous avons traversé la nuit sans dormir…Merci donc, Madame et Monsieur que je ne connais pas et que je ne reverrais certainement jamais.

La nuit est merveilleusement calme et douce et les points de contrôle étant fermés, nous faisons les traditionnelles photos devant les panneaux des villages concernés (ces photos remplacent les tampons).
Un de nous n’ayant jamais roulé de nuit, il est très stressé.
Je tente de le rassurer mais l’ambiance est tellement bonne et le plaisir tellement présent que son stress disparaitra rapidement.
Le lendemain, il me confiera même être piqué par le virus nocturne.
Nous nous surveillons quand même, comptons régulièrement le nombres de phares et la nuit passe ainsi et puis, vers 4h30 du matin, l’aube apparait sur notre droite et c’est presque avec regrets (en tout cas pour moi) que nous observons le jour revenir.

480-ème km, encore un contrôle !
La seule boutique allumée à 5 h du mat est bien évidemment le boulanger. Nous tapons à sa porte pas encore ouverte et lorsque madame la boulangère vient nous ouvrir, elle tombe face à face avec 6 casques surmontés de frontales.
Très étonnée, elle nous recevra des plus chaleureusement possible (il faut dire qu’avec ce que nous avons bu et mangé, elle aura presque fait son chiffre d’affaires de la journée avec nous).

Les kilomètres qui suivront vont s’avérer difficile car en coteaux et avec un bon vent de face mais nous sentons l’arrivée et le moral est au beau fixe.

Pour ma part, je commence à souffrir énormément du périnée et si j’ai eu, pour ce brevet, des jambes de feu, à ce moment-là, c’était surtout mes joyeuses qui étaient en feu…no comment !

100,80,50,30, les kilomètres restant diminuent et nous savons que la partie est gagnée. Nous nous taquinons même dans les cotes car il nous faudrait l’armée russe pour nous empêcher d’arriver et encore….

A l’entrée d’Angers, il ne reste plus que 8 kilomètres, 8 malheureux petits kilomètres qui seront interminables entre les stops, feux rouges, voitures, RE-stops, re feux rouges, trottinettes, priorité à droite, à gauche, STOOOOOOOP…..trop c’est trop !

Nous sortons d’une bulle de presque 30 h et je supporte très difficilement cet atterrissage et cette traversée et ce n’est que lorsque j’aperçois le vélodrome d’Angers (point de départ et d’arrivée de ce brevet) que je peux enfin savourer.

J’ai le même sentiment intime que lorsque j’ai passé ma première ligne d’arrivée aux 100 bornes de Millau.
Ce moment est à moi (et à ma famille qui m’a supporté), il est exceptionnel, intime, rempli de sérénité et d’émotions.

Cathy m’attend à l’entrée, je suis fier de moi et de mes compagnons de voyage mais…J’AI MAL AU CUL !!! Bizarrement pas trop fatigué mais j’ai MAL AU CUL !!!

Avec ce dernier brevet de 2022, la pré qualification pour PBP 2023 est acquise mais il faudra tout recommencer l’année prochaine pour pouvoir prendre le départ.
En fait, c’est une bonne chose car les 1200 km du Paris Brest seront un chantier encore plus grand, beaucoup plus grand. Mais ce 600 km aura été formateur comme jamais car j’y ait vraiment appris que le corps sans la tête n’est qu’un amas de tissus mous, le vrai patron restera quoiqu’il advienne : le cerveau !!!!

Pour finir, je voudrais remercier tous mes copains et copines qui m’ont soutenu et encouragé dans cette épreuve et ne peut que les encourager à y participer à leur tour.

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1 réflexion sur “Mon Brevet 600km”

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